La banque préférée des start-up américaines, notamment de la tech, a été victime de la plus grosse faillite bancaire depuis la crise de 2008. Les autorités ont repris, vendredi, le contrôle de la Silicon Valley Bank.
Sa fermeture a fait souffler un vent de panique sur les marchés financiers mondiaux. Il y a une semaine, pourtant, peu connaissaient le nom de cette banque : la Silicon Valley Bank. Elle a été fermée vendredi 10 mars par les autorités américaines, marquant la plus grosse faillite bancaire des Etats-Unis depuis celle de Washington Mutual ayant provoqué une crise financière en 2008. Et la deuxième plus grosse défaillance d’une banque de détail.
La banque championne des start-up
Peu connue du grand public, SVB était spécialisée dans l’écosystème des start-up – en particulier de la Silicon Valley – et dans le financement du capital-risque, c’est-à-dire de jeunes entreprises innovantes à fort potentiel de croissance. Ses dépôts avaient explosé aux côtés de l’industrie technologique, en augmentation de 86 % en 2021. Basée à Santa Clara (Californie), au cœur de la Silicon Valley, cette banque cotée en Bourse appartenait à la société mère SVP Financial Group, avant d’être reprise officiellement par l’agence américaine chargée de garantir les dépôts (FDIC).
Elle était devenue la 16e banque américaine par la taille de ses actifs. Fin 2022, elle comptait 209 milliards de dollars d’actifs et environ 175,4 milliards de dépôts. Selon son propre site Internet, SVB travaillait avec « près de la moitié » des start-up financées par du capital-risque aux États-Unis, en particulier dans le secteur de la technologie, du soin et de la santé, comme Pinterest et ZipRecruiter.
Le PDG prévoyait « un premier semestre volatile »
Le grand patron de SVB, Greg Becker, avait rejoint la banque il y a près de 30 ans en tant qu’agent de crédit, jusqu’à devenir CEO du SVB Financial Group en 2011. Le site web de la Silicon Valley Bank en vente d’ailleurs un « champion de l’économie de l’innovation ». Après avoir siégé au conseil d’administration de la Federal Reserve Bank de San Francisco, il a dû quitter son siège ce même jour, a annoncé la banque fédérale.
Vendredi 10 mars, deux jours après l’effondrement de sa banque, le PDG a envoyé un message vidéo à ses employés, reconnaissant les 48 heures « incroyablement difficiles » qui ont précédé la catastrophe. En janvier 2023, Greg Becker avait indiqué que les perspectives économiques s’amélioreraient pour sa banque après une année 2022 morose. « Nous pensons toujours qu’au premier semestre, il y aura plus de volatilité », avait-il cependant précisé.
Une banque plombée par ses obligations
La banque aux milles startup détenait un nombre élevé d’obligations du Trésor et d’autres obligations d’État, ces dernières représentant plus de la moitié de ses actifs, selon Bloomberg News. À mesure que les taux d’intérêt augmentaient, ces obligations perdaient de la valeur et la banque devait alors compenser les pertes. Pour y remédier, elle avait annoncé mercredi avoir vendu 21 milliards de dollars d’actifs et prévoyait de vendre une partie de ses actions pour lever des fonds. La divulgation a créé un effet de panique parmi les investisseurs technologiques et les fondateurs d’entreprises, qui ont encouragé les start-up à retirer leur argent. Ce qui a provoqué une chute de 60 % des actions de SVB, jeudi 9 mars.
Les problèmes de SVB ont entraîné une grande partie de l’industrie dans l’instabilité. Les investisseurs ont vendu jeudi les actions des grandes et petites banques, réduisant de 52 milliards de dollars la valeur des quatre plus grandes banques américaines à elles seules. Si les mégabanques se sont redressées quasiment immédiatement, plusieurs de leurs homologues plus petites ont continué de plonger.
Des cryptomonnaies avaient également placé des dépôts dans les caisses de SVB, comme la crypto USDC, dite « stable » car théoriquement indexée sur le dollar. Elle a annoncé avoir laissé 3,3 milliards de dollars chez SVB, inaccessibles pour l’instant. Pour l’heure, la FDIC ayant repris la banque en faillite n’autorise que les retraits de 250 000 dollars.