Africa Financial Times
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Perspectives économiques africaines en 2023: tous les signaux sont au rouge.

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La croissance économique devrait décélérer à 3,3 % en 2022, contre un taux de 4,1 % l’année dernière, soit une révision à la baisse de 0,3 point de pourcentage par rapport aux anticipations du mois d’avril. Cette dégradation est imputable aux multiples chocs que connaît l’économie : ralentissement économique mondial, resserrement des conditions financières mondiales, montée de l’inflation due à l’augmentation des prix de l’alimentation et des carburants, laquelle est exacerbée par la guerre en Ukraine, conditions climatiques défavorables et risque croissant de surendettement.

Ce qu’il faut retenir :

La croissance du revenu par habitant, estimée à 0,7 % à l’échelle de la région en 2022, est insuffisante pour réaliser les ambitieux objectifs de réduction de la pauvreté et de prospérité partagée à moyen et long termes. Au contraire, le rythme de réduction de la pauvreté, déjà mis à mal par la COVID-19, a encore ralenti. La pandémie a entraîné des répercussions durables sur la croissance à long terme, affectant tout particulièrement les populations les plus pauvres et aggravant l’extrême pauvreté.

En parallèle de la hausse des taux de pauvreté, les inégalités se sont aggravées au sein des pays de la région, sur fond d’augmentation des prix des carburants et de l’alimentation, exacerbée par la guerre en Ukraine. La fracture économique entre riches et pauvres s’est considérablement creusée en Afrique subsaharienne pendant la pandémie de COVID-19 en raison des pertes d’emplois et de revenus, notamment parmi les travailleurs peu qualifiés du secteur informel. La montée du chômage, d’ampleur considérable pour les deux sexes, a plus durement frappé les femmes. Le faible rebond enregistré par l’économie régionale à la suite de la pandémie, contré par la hausse de l’inflation, n’a pas suffi à rattraper les pertes d’emplois et de revenus provoquées par la pandémie.

Les performances économiques de l’Afrique subsaharienne ne sont pas uniformes d’une sous-région à l’autre. En termes réels, en 2022, la croissance du PIB est estimée à 3,9 % pour l’Afrique de l’Ouest et centrale, soit 0,3 point de pourcentage de plus qu’en Afrique de l’Est et australe.

BIIC

La hausse de l’inflation pèse sur l’activité économique subsaharienne. La tendance haussière de l’inflation après la pandémie, exacerbée par la guerre en Ukraine, a atteint un niveau record dans de nombreux pays. L’escalade de la guerre a entraîné une flambée des prix des produits de base, en particulier de l’alimentation et de l’énergie. La forte répercussion de la hausse des cours des denrées agricoles et des carburants sur les prix à la consommation a provoqué une montée en flèche de l’inflation générale.

L’insécurité alimentaire, en forte hausse, frappe les pauvres de manière disproportionnée et fait grimper les tensions sociales. Le nombre de personnes en situation de grave insécurité alimentaire en Afrique subsaharienne a fortement augmenté : plus d’une personne sur cinq souffre de la faim et plus de 250 millions de personnes sont sous-alimentées. Les crises alimentaires se font plus fréquentes et plus aiguës. On estime à 140 millions le nombre des personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë dans la région en 2022, contre 120 millions en 2021.

Les moyens budgétaires nécessaires pour relever des défis croissants sont quasiment épuisés dans certains pays. Les responsables politiques ont peu de moyens à leur disposition pour faire face à ces multiples difficultés. La marge de manœuvre budgétaire nécessaire à une réponse efficace n’est plus disponible, en raison du niveau élevé de la dette dans les pays d’Afrique subsaharienne, de la hausse des coûts d’emprunt et de l’épuisement des réserves publiques. Le déficit primaire de la région s’est creusé pendant la pandémie pour atteindre 6,3 % du PIB en 2020 (contre 4,1 % en 2019) tandis que les gouvernements concentraient l’aide sur les segments de population les plus vulnérables et les entreprises touchées par la crise. De ce fait, la dette, en hausse depuis 2011, a encore grimpé et devrait rester élevée en 2022, pour atteindre 58,6 % du PIB selon les projections. L’aide offerte aux pays les plus pauvres par les institutions multilatérales dans le cadre de l’Initiative de suspension du service de la dette s’est révélée largement insuffisante au regard de l’ampleur du problème. Dans ces conditions, le nombre des pays qui sont en situation de surendettement ou fortement menacés de l’être continue de croître, en même temps que le risque de crise financière.

Christophe Djossou

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